Lors d’une discussion sur la simulation d’usinage autour de
l’adéquation entre simulation et réalité j’ai eu un commentaire qui disait
« Pour être vraiment "WYSIWYG" (What You See Is What You
Get) : Ce que tu vois c’est ce que tu as (CQTVCQTA) lors de la simulation
d’usinage, par un logiciel de FAO, il doit te permettre une description
complète de la cinématique machine-outil et devrait également te permettre de
construire le modèle virtuel du contrôleur CNC de la machine-outil.
Ce commentaire m’a amené à me poser la question de savoir si
cette assertion était vraie. Pour ma part je pense que ceci n’est pas exact. La
première partie est juste :
Une description complète de la cinématique machine-outil
Effectivement seule une description complète de la
cinématique de la machine permet d’assurer une fiabilisation du code généré.
Cette description doit couvrir selon les risques potentiels aussi les
périphériques machine tel que le changeur d’outil, la mesure embarquée des
outils, tous éléments en mouvements susceptible de générer une collision avec
eux ou avec l’outil (Figure
1).
De plus le calcul du code et des trajectoires doit prendre
en compte le calcul des axes rotatifs (Figure 2)
et des limites machine. La Fao doit bien évidement simuler les phases liées aux
mouvements interopérations (mouvements réalisés par la machine entre deux
parcours outils) et les déplacements nécessaires aux changements d’outil ou à
la mesure des outils.
Construire le modèle virtuel du contrôleur CNC de la machine-outil
La deuxième partie est de mon point de vue fausse. Vérifier
un code Iso n’est pas équivalent à générer ce code.
La simulation dans la FAO n’a pas pour objectif d’obtenir
une simulation des temps d’usinage très proche de la réalité. Dans ces
conditions il est n’est pas nécessaire d’avoir les paramètres d’accélération de
la machine ou de contrôle du Jerk. Cet argument employé par certains éditeurs
qui mettent en avant l’intégration du Kernel (Noyau) de la CN (notamment en ce
qui concerne la CN 840D de siemens : http://www.cgtech.fr/products/about-vericut/vnck/
) dans leur propre logiciel demande encore à être validé. A ce jour je n’ai
encore jamais vu une étude sur un cas industriel démontrant :
1)
La capacité à réellement intégrer la cinématique
machine
2)
L’adéquation entre simulation et temps réels. La
dynamique ne peut de mon point de vue être uniquement obtenue par les
paramètres de réglage de la CN. Ceci peut permettre de maitriser les lois de
commande qui régissent le pilotage de la machine. Mais en l’absence de
composants réels derrière ces lois de commande le résultat ne peut être
totalement conforme à la réalité.
Figure 2 Simulation machine Tebis
La simulation d’un
code iso nécessite effectivement de pouvoir prendre en compte tous les cas de
figure. Le nombre des instructions disponibles et de combinaison entre eux, dans
une CN moderne génèrent une complexité importante de traitement.
Dans le cas de la
génération du code on va se limiter à une infime partie du code disponible et
des combinaisons possibles (Figure
3). Le logiciel va avant tout simuler son propre
code interne. La prochaine étape sera de traduire ce code interne en
instructions CN conforme à la simulation FAO. Ceci est possible à partir du
moment où le code interne et les coordonnées calculés ne diffère pas du code généré.
Autrement dit si votre solution FAO passe encore par un format neutre de type
APT où l’orientation outil est donné sous forme vectoriel ou si le
postprocesseur est une application externe il peut probable voir impossible que
la simulation FAO soit sûre et conforme au résultat machine.
Sinon, les capacités
des CNs modernes permettent de remplir cet objectif. Le travail est alors
d’écrire en Code G les mouvements calculé et simulé dans la FAO.
Figure 3 Utilisation possibilité d’une CN
Nous ne sommes donc
pas dans le schéma « Simulation du code ISO » avec toute sa
complexité mais : écriture d’un code connue et limitée. Je ne sous-estime
pas le travail à réaliser par l’intégrateur pour la génération d’un code mais
ceci ne relève pas d’une complexité mathématique combinatoire tel que
l’obtention d’un code fiable reproduisant le comportement CFAO ne soit pas
atteignable, l’utilisation d’une méthodologie simple permettra de s’assurer de
l’équivalence des comportements.
Prétendre le contraire
c’est au mieux, la méconnaissance des capacités des FAO et CN moderne. Au pire
c’est une mauvaise fois commerciale justifiant la nécessité ou l’impossibilité
de réaliser ce travail.
Exemple de modification d’une
instruction : Dans le cas
d’une CN Heidenhain l’usinage 3+2 sur machine 5 axes se fait en utilisant une
instruction appelé PLANE SPATIAL (Figure
4). Normalement l’instruction devrait
s’écrire :
PLANE SPATIAL SPA+0 SPB+0 SPC+0 MOVE
SEQ- TABLE ROT
Le MOVE signifie que
la CN va calculer les axes rotatifs et mettre la machine en position. Avec
cette écriture il est possible que la CN calcul un angle différent de la FAO et
que le mouvement de mise en position diffère là aussi de ce qui est définie
dans la FAO. Dans ce cas on préfèrera une écriture sous la forme :
PLANE
SPATIAL SPA+0 SPB+0 SPC+0 STAY SEQ- TABLE ROT
L
B+Q121 C+Q122 R0 F5000
Le code STAY signifiant que la machine ne doit pas bouger.
Les variables Q121 et Q122 stockant le
calcul des angles machine par la CN. Au besoin ces angles peuvent être comparés
aux angles FAO pour assurer la conformité de la mise en position on pourra
alors si nécessaire corriger le calcul en jouant sur le paramètre SEQ-, voire mieux
selon le calcul de la FAO utiliser directement une instruction SEQ- ou SEQ+ pour avoir
directement le résultat conforme.
On pourra aussi
augmenter le contrôle de la CN en ajoutant une instruction M134 qui indique à la CN un Positionnement avec
précision.
Dans cette écriture on
va activer le plan incliné et la mise en position sera réalisé dans une
séquence suivante à une vitesse définit pour éviter les problèmes de gestion
des dynamique sur les axes. Dans ce cas la simulation sera conforme entre FAO
et comportement machine.
Figure 4 Instruction PLANE SPATIAL d’Heidenhain
On pourrait ainsi multiplier les exemples pour illustrer mon
propos.
Par ce fonctionnement
on inverse la problématique de simulation par une problématique de pilotage
conforme à la FAO. Ce n’est plus la simulation et la FAO qui doivent intégrer
les caractéristiques de la CN (donc être capable d’intégrer le modèle virtuel
du contrôleur CNC de la machine-outil) mais c’est la CN qui doit exécuter les
ordres données. Ce qui est en soit la fonction principale que l’on demande à la
machine.
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